Grève à Pôle emploi, des dysfonctionnements en chaîne

Publié le par Carland

Près de 19 % des agents du Pôle emploi selon la direction, 25 % selon les syndicats, se sont mis en grève, mardi 8 juin, à l'appel de quatre syndicats en colère contre les conditions de travail. Le but : envoyer "un avertissement fort au gouvernement". Depuis la création du Pôle emploi, en janvier 2009, les agents se heurtent à une explosion de la charge de travail liée au nombre croissant de demandeurs d'emploi et aux dysfonctionnements générés par le regroupement de l'ANPE avec les Assedic. Etat des lieux des principaux problèmes que rencontre le Pôle emploi.

  • La grève du 8 juin

Le "mal-être grandit" au Pôle emploi en raison d'une charge de travail excessive, d'une "perte de sens" due à la fusion et de perspectives de réductions d'effectifs, selon les quatre syndicats appelant à la grève. L'appel à une grève reconductible a été lancé par le SNU-FSU (premier syndicat), la CGT, SUD et le SNAP pour "soutenir et amplifier les nombreuses actions locales des dernières semaines contre la dégradation des conditions de travail et la précarité", ont indiqué ces quatre syndicats.

  • Le système informatique

Dernier problème en date : le nouveau système informatique unifié, dont la direction a suspendu mercredi dernier le déploiement pour éviter un blocage, qualifié de "superbug" par les grévistes. L'objectif du nouveau système, baptisé "Neptune", est d'unifier le travail des ex-agents ANPE et Assedic. Il est testé depuis plusieurs mois mais "il y a des incidents" selon la direction : "Dans les quelques régions test, notamment Aquitaine et Poitou-Charentes, les utilisateurs sont susceptibles de buter sur une durée anormale de connexion au poste de travail et le chargement incomplet du profil utilisateur."

Commentaires des agents postés sur le forum de discussion interne non officiel : "Neptune, c'est l'horreur !! une galère au quotidien (...)", "C'est dingue de penser qu'on a pu se faire livrer un truc pareil (...)", "Toutes et tous en grève le 8 juin pour enfin se faire entendre et arrêter d'être méprisés".

  • Le statut des salariés

Environ 30 % du personnel du Pôle emploi issu de l'ancienne ANPE a renoncé à son statut de droit public. Ces quelque 8 600 personnes sont devenus personnels de droit privé, comme leurs collègues issus des Assedic ou les nouveaux recrutés. Le rattachement des anciens personnels de l'ANPE au statut privé leur permet d'augmenter leur salaire brut annuel de près de 20 %. Mais ils renoncent ainsi à certaines garanties qui les mettaient notamment à l'abri d'une perte d'emploi ou de décisions arbitraires en matière de mutation, promotion et déroulement de carrière.

  • Plus de chômeurs, moins d'agents

Selon un bilan diffusé par le Pôle emploi mardi 1er juin, le nombre de chômeurs indemnisés a atteint 2,57 millions en avril, soit une hausse de 9,1 % par rapport à avril 2009. Si l'on ajoute les bénéficiaires d'allocations de formation et de préretraites publiques, l'augmentation dépasse les 10 %. Le nombre de personnes en formation ou en conversion indemnisées par le Pôle emploi a bondi de 32,8 % en un an. Les syndicats s'inquiètent donc des réductions d'effectifs – 800 par an dès 2011 – annoncées par le gouvernement dans le cadre du plan d'économies budgétaires.

  • Un "nouveau France Telecom"

Travail trop intense, ordres contradictoires, doutes sur le management : les salariés du Pôle emploi sont stressés et l'ont exprimé dans le cadre d'une enquête interne remise début janvier au directeur général, Christian Charpy. Durant le seul mois de décembre 2009, cinq tentatives de suicide ont eu lieu sur le lieu de travail, trois en Ile-de-France et deux en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elles font suite à un premier suicide à Saint-Quentin (Aisne) en mars.

Les retours témoignent d'une situation de travail difficile. Plus de 70 % des agents se plaignent que "la quantité de travail est excessive", 61 % qu'ils "reçoivent des ordres contradictoires". La quasi-totalité, soit 90 % d'entre eux, indiquent qu'il faut travailler "vite", "intensément", que les "tâches sont souvent interrompues avant d'être achevées, nécessitant de les reprendre plus tard".

  • La démission du médiateur

Le gouvernement souhaite que le Pôle emploi ait "dans les plus brefs délais"la démission surprise de Benoît Genuini. Ce dernier, un proche de l'ex-haut commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch, a démissionné le 15 avril parce que le Pôle emploi "n'accordait pas assez d'importance à ce qui, par son intermédiaire, remontait du terrain, c'est-à-dire des chômeurs". un nouveau médiateur national chargé de traiter les réclamations individuelles, après

Aucune des deux propositions faites à la direction pour améliorer le service rendu "n'ont reçu un début de réponse", selon lui. L'une portait sur la qualité des courriers envoyés aux demandeurs d'emploi. L'autre sur les conditions dans lesquelles l'allocation chômage peut être suspendue pour suspicion de fraude, parfois par erreur et sans préavis, avec des conséquences potentiellement très graves pour la personne.

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