Wikileaks. Des portraits peu flatteurs des chefs d'État
Si la diplomatie, c'est le talent de dire les choses élégamment en public, les câbles secrets américains diffusés, dimanche, par le site Wikileaks, dressent des portraits peu flatteurs de dirigeants de plusieurs pays, y compris alliés des États-Unis.
Les diplomaties mondiales, déconcertées par les révélations contenues dans les 250.000 notes américaines confidentielles divulguées, dimanche soir, par Wikileaks, sont passées, hier, à la contre-attaque, en vilipendant les procédés «scandaleux» et «malveillants» du site internet.
La France s'est ainsi refusée à confirmer «aucun des propos attribués à des autorités et des diplomates français» et a déploré «la divulgation délibérée et irresponsable» des documents, «susceptible de nuire à la résolution de questions essentielles». Dans certaines notes, Nicolas Sarkozy est décrit comme «susceptible et autoritaire» par l'ambassade des États-Unis, qui souligne «les manières abruptes qu'adopte, selon elle, le dirigeant français dans ses rapports avec ses collaborateurs».
Portraits peu amènes de dirigeants alliés
Silvio Berlusconi est «irresponsable, imbu de lui-même et inefficace en tant que dirigeant européen moderne», estime, pour sa part, un diplomate américain de haut rang. Le nouveau Premier ministre britannique, David Cameron, est, lui, décrit comme «manquant de profondeur» par le gouverneur... de la Banque d'Angleterre dans une conversation rapportée par l'ambassadeur des États-Unis à Londres. Quant à Angela Merkel, «elle a peur du risque et fait rarement preuve d'imagination», tandis que son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, ouvertement homosexuel, est qualifié de «personnalité exubérante», mais «ayant peu de savoir-faire en matière de diplomatie».
«Poutine mâle dominant»
Le président russe, Dmitri Medvedev ? «C'est le Robin de Batman, joué par Poutine», estime l'ambassade des États-Unis à Moscou. Il est également qualifié de «pâle et hésitant», alors que Vladimir Poutine, le Premier ministre, «c'est le mâle dominant». Selon un autre mémo, le président vénézuélien, Hugo Chavez, est «fou et il est en train de transformer son pays en un autre Zimbabwe», propos attribués, en septembre2009, à Jean-David Lévitte, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy. Le président afghan, Hamid Karzai, est qualifié d'«extrêmement faible», tandis que son frère est considéré comme «corrompu» et comme «un trafiquant de drogue». Quant au libyen Mouammar Kadhafi, «il ne saurait voyager sans une infirmière ukrainienne, une blonde voluptueuse». Et pour finir ce - bref - florilège, un câble reconnaît l'«intelligence» du président zimbabwéen Robert Mugabe, mais le qualifie d'«homme politique le plus impitoyable du pays, handicapé par son ego et sa croyance en sa propre infaillibilité, son obsession du passé, son ignorance crasse des questions économiques».