Michel Husson à Qumper : Les retraites tuées par la course aux dividendes

Le statisticien et économiste de gauche Michel Husson était, mardi soir, l'invité d'Attac Cornouaille pour évoquer la question épineuse des retraites. Interview.

Le déficit du régime de retraite est de l'ordre de 30milliards d'euros. Comment résorber ce trou considérable ?
«Il faut augmenter l'assiette des cotisations en faisant payer davantage les revenus du capital. C'est possible: au début des années 80, la part des dividendes reversés aux actionnaires correspondait à 4% de la masse salariale. Cette part est aujourd'hui de 13%! On ne peut continuer à faire porter le coût de la crise sur les seuls retraités et salariés.

Le système par répartition pourrait-il s'effondrer ?
La crise actuelle contribue à résorber les recettes. Et la situation des jeunes qui entrent de plus en difficilement sur le marché du travail constitue un écueil supplémentaire. En creux, on incite la population à des plans d'épargne. La présidente du Medef, Laurence Parisot, est, d'ailleurs, favorable au développement de la retraite par capitalisation. Un système pervers et profondément inégalitaire qui est un manque à gagner pour le système par répartition.

Vous dites que la réforme du gouvernement est un signe adressé aux partenaires de la France...
Cette réforme a, en effet, été initiée afin de ne pas angoisser les marchés financiers. Il s'agit, pour le gouvernement, de marquer un coup politique. Avouons-le: sa réforme serait bonne si les salariés qui ont aujourd'hui 55 ans avaient la possibilité de continuer à travailler au-delà de cet âge. Or c'est loin d'être le cas: un salarié quitte le monde du travail en moyenne à 58,5 ans et fait valoir ses droits à la retraite à 61,5! Entre les deux, il est condamné à vivre du RSA ou d'allocations diverses».