L'inquiétude gagne les salariés de l'ADMR
Peu ou pas de communication à la sortie du comité d'entreprise extraordinaire de la Fédération ADMR,mardi matin à Guipavas. Le silence des responsables alimente l'inquiétude des salariés.
De la réunion, qui va durer trois heures, rien ne transpirera, ou pas grand-chose. Quid du bilan économique de la fédération et des 91 associations locales (3 700 salariés) ? Quid aussi des 51 postes de la Fédération à reclasser dans les associations locales qui pourraient fort bien se transformer en licenciements ?
À la sortie, les dirigeants sont muets et regardent leurs chaussures. Les représentants du CE s'avouent astreints à la confidentialité par l'administrateur judiciaire. Ils craignent toutefois de voir leur nom cité « parce qu'on sait jamais, après on aurait du mal à trouver du boulot ailleurs... »
Vendre l'immobilier ?
La fédération ADMR est un poids lourd de l'aide à domicile. La structure « pèse » 60 millions de chiffre d'affaires, mais les salariés se plaignaient encore hier d'un fonctionnement « opaque » propre à aggraver l'inquiétude. Elle « use » aussi ses présidents à un rythme effréné. « Deux s'y sont succédé en un mois ce qui n'est pas fait pour rassurer », rappelle Marie-Lou Roudaut.
Ce nouveau comité d'entreprise n'échappe pas à la règle. Les comptes de la fédération n'ont pas été présentés, pas plus que le plan de réorganisation ou un éventuel plan social. D'après un délégué syndical, les efforts de gestion et les premières mesures prises en urgence cet hiver commenceraient à porter leurs fruits. Ainsi, les pertes seraient « acceptables, de l'ordre de 1 % ».
Il faudra songer aussi à éponger le passif qui s'élève à 1,7 million d'euro en 2009. « La fédération est propriétaire de ses locaux. La vente de l'immobilier rapporterait 1,5 million d'euros ». Pas sûr, toutefois, que ce soit le bon moment pour vendre.
En signe de solidarité, les salariés de l'ADMR de Plouguerneau et celle de Kerlouan (qui regroupe Guisseny, Saint-Frégant et Kerlouan) se sont rassemblés. Une requête d'unité économique et sociale initiée par le syndicat sera présentée cette semaine au tribunal d'instance afin de regrouper les ADMR dans la même structure. Une démarche qui pourrait prendre plusieurs années.
Dans ce climat d'incertitude, la communication des comptes a été repoussée au mois d'octobre.
« C'est calme, voyez, il n'y a presque que des dames. Ce n'est pas une manif de l'industrie ! », confie une déléguée CFDT à six gendarmes venus prendre discrètement le pouls de la manifestation. À l'heure de la dispersion, ils repartiront plus rassurés que les salariés.
Sabine NICLOT-BARON