Répression en Tunisie - Grève nationale des lycées demain 3 janvier

Publié le par Carland

La situation s’enlise en Tunisie
Les affrontements gagnent d’autres villes 
 
La situation semble se corser en Tunisie. Les émeutes se sont poursuivies ce week-end dans plusieurs villages de la région de Sidi Bouzid.
 
Le décès d’un manifestant, Chawki Hidri, 43 ans, vendredi matin, des suites de blessures par balle reçue au cours des affrontements violents du 24 décembre à Menzel  Bouzayane, une localité à 60 km de Sidi Bouzid, a provoqué une nouvelle onde de choc et attisé la colère de la population qui a réinvesti la rue pour protester contre la répression. Des manifestations de soutien à la population de cette région ont également été organisées durant le week-end à Tunis et dans d’autres villes du pays. Des manifestations violemment réprimées, notamment à Grombalia, Sousse, Monastir, Mahdia, Gafsa et Jendouba.
 
Vendredi, des avocats ont été malmenés par la police à Tunis et dans d’autres villes, alors qu’ils tentaient d’exprimer leur appui à la population de Sidi Bouzid. Les avocats répondaient à l’appel du conseil de l’Ordre d’appuyer le mouvement de protestation sociale de Sidi Bouzid en portant des brassards rouges devant tous les tribunaux de Tunisie. Selon un communiqué signé par le bâtonnier Abderrazak Kilani, de «nombreux avocats ont été frappés, pourchassés et insultés» par des policiers. «Certains d’entre eux ont vu leurs robes déchirées et leurs brassards arrachés par des policiers déployés en très grand nombre autour des tribunaux et jusque dans les salles d’audience», ajoute-on dans le même communiqué. Le conseil de l’Ordre dénonce ainsi «un usage sans précédent» de la force et une sauvage agression visant à faire taire les avocats.
 
Contacté hier par nos soins, Jalal Zoghlami, militant des droits de l’Homme, prédit le pire pour les jours à venir : «La situation risque de s’aggraver. La protestation sociale prend de plus en plus de l’ampleur. Les gens en ont marre et ne semblent plus avoir peur de la machine répressive déployée par le régime de Ben Ali. Le mouvement de contestation va continuer tant qu’il n’y a pas d’actions concrètes et palpables au profit des populations déshéritées.» Pour M. Zoghlami, le réaménagement du gouvernement qui s’est produit dans la foulée des troubles sociaux ne change rien à la donne sociale des plus explosives, avec un chômage endémique et un sentiment d’abandon généralisé.
 
Pas de réponse concrète
 
«Le discours du président Ben Ali, très attendu, n’a rien apporté de concret. La population n’a plus peur et ne compte plus se laisser faire», ajoute-t-il. Ce militant des droits de l’Homme estime que «le point fort de ce mouvement de contestation, c’est qu’il est porté essentiellement par les jeunes issus des régions défavorisées». Ces jeunes, rongés par le chômage et la misère sociale, n’ont rien à perdre. Au contraire, ils sont en train d’ébranler le régime de Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. M. Zoghlami estime que le régime tunisien a toujours vécu dans la peur. Selon lui, «c’est un pouvoir policier qui gouverne par la répression et la corruption». Ce vent de contestation a commencé de la région de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, avant de s’étendre à d’autres régions. À l’origine de ce soulèvement populaire d’ordre social, une tentative de suicide d’un jeune diplômé de 26 ans, vendeur ambulant de fruits et légumes, qui s’était fait confisquer sa marchandise et humilier par la police municipale. Le climat reste ainsi tendu, comme le confirme M. Zoghlami, à Sidi Bouzid comme à Tunis, qui risque d’être le théâtre d’affrontements dans les prochains jours.
 
Mokrane Ait Ouarabi
El Watan, 2 janvier 2010.
 
 
Tunisie : un troisième décès après les troubles de Sidi Bouzid
 
Le bilan des troubles sociaux qui ont secoué la région de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest tunisien, s'est alourdi à trois morts à la suite du décès d'un manifestant qui a succombé à ses blessures vendredi à l'hôpital Hédi Chaker de Sfax (sud), a-t-on appris samedi auprès de sa famille.
 
La victime, Chawki Belhoucine Hadiri, 44 ans, avait été atteint par balles à l'épaule et à la colonne vertébrale lors des affrontements qui avaient opposé manifestants et forces de l'ordre le 24 décembre dernier à Menzel Bouzyane, à 60km de Sidi Bouzid, a rapporté à l'Associated Press son frère Bachir.
 
Au cours de ces accrochages, un jeune Mohamed Amri, 18 ans, avait été tué par balles. Avant lui, un jeune chômeur, Houcine Néji, avait péri électrocuté après avoir escaladé un pylône haute tension.
 
Les troubles avaient éclaté le 17 décembre dernier à la suite de la tentative de suicide d'un jeune vendeur ambulant.
 
Mohamed Bouazizi, 26 ans, s'était immolé par le feu en s'aspergeant d'essence après la saisie de sa marchandise, des fruits et légumes, par des agents municipaux. Les manifestations s'étaient propagées par la suite dans plusieurs régions du pays.
 
 
Des rassemblements d'avocats en signe de solidarité avec la population de Sidi Bouzid, auxquels a appelé vendredi leur conseil de l'ordre, ont été «brutalement empêchés» par les forces de l'ordre devant les tribunaux de nombreuses villes dont Tunis, selon un communiqué signé par le bâtonnier Abderrazak Kilani. «Plusieurs avocats ont été agressés et blessés dont certains ont dû être hospitalisés», ajoute le communiqué.
 
En réaction à cette «répression», les avocats envisagent de déclencher une grève dont la date doit être fixée lors d'une «réunion urgente» prévue lundi.
 
De leur côté, des journalistes ont tenté vendredi, en vain, de rencontrer le ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem, pour protester contre «les entraves et les agressions» dont ont été l'objet plusieurs de leurs confrères, dans le sillage des troubles de Sidi Bouzid, a-t-on appris auprès d'un membre du groupe des protestataires Zied El Héni.
 
Le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) avait précédemment dénoncé ces entraves en exprimant son «indignation» face au verrouillage médiatique.
 
AP, 1er janvier. 

 


 
Tunisie : arrestation d’un militant politique en rapport avec les évènements de Sidi Bouzid
 
En Tunisie, Ammar Amroussia, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (parti illégal ) et correspondant du journal Al-Badil (L’Alternative), a été arrêté dans la ville de Gafsa le 29 décembre par les autorités tunisiennes. On est sans nouvelle de lui. Sa famille et à ses avocats craignent le pire. La veille, le militant tunisien avait pris la parole au cours d’une manifestation au centre de Gafsa, suite aux troubles sociaux qui ont secoué la région de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest du pays au mois de décembre, faisant trois morts.
 
 
Ammar Amroussia a été interpellé le 29 décembre dans sa ville de Gafsa. Ce militant politique membre du Parti communiste ouvrier tunisien, parti illégal en Tunisie, avait la veille animé un meeting interdit en soutien au mouvement social de Sidi Bouzid. Depuis sa famille et ses avocats n’ont pas eu de nouvelles, ni sur son lieu de détention ni sur les raisons de son arrestation.
 
Pour Aïda, sa fille étudiante à Paris, cela ressemble à un enlèvement politique qui fait craindre le pire. Ammar Amroussia a déjà connu la torture, la détention, la clandestinité.
 
Ce soulèvement parti de Sidi Bouzid à la mi-décembre, il tenait à l’accompagner à sa façon. Car de l’avis de nombreux Tunisiens, il se passe quelque de nouveau dans le pays. Un avis partagé par Aïda Amroussia, la fille du militant tunisien : «Ce qui change c’est que les gens n’ont plus peur de protester, de manifester. La répression n’arrive plus à les étouffer. Il y a tout un mouvement social qui touche tout le monde, les jeunes, les avocats, les diplômés, les couches sociales touchées par le régime de Ben Ali. Tout le monde proteste contre ce régime.»
 
Après les avocats, les diplômés chômeurs, c’est autour des lycéens de rentrer dans le mouvement de protestation et d’appeler via Facebook à un mouvement de grève nationale dans les lycées de Tunisie pour le 3 janvier. 
 
Christine Muratet, RFI, 2 janvier.

 

Tunisie : répression des mouvements sociaux
Les bules rouges indiquent les regions tunisiennes qui se manifestaient contre la politique réactionnaire du régime. (Voir carte sur le blog)
La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de répression. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid. Le mouvement s’est déclenché après la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l’université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s’était aspergé d’essence pour s’immoler par le feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique jusqu’à nos jours dans l’hopital.
Cinq jours plus tard un autre jeune a mis fin à ses jours en s’électrocutant au contact de câbles électriques. Depuis, les manifestations se multiplient dans le pays pour dénoncer l’absence de perspectives offertes à la jeunesse, le coût de la vie et les inégalités croissantes. Trois voitures de police ont été incendiées, des jets de pierres et des cocktails Molotov ont ciblé les locaux du parti au pouvoir et des administrations. Un jeune manifestant a été tué par balles, plusieurs autres blessés (parfois par les gros bras du parti au pouvoir, protégés par les policiers) et il y a eu de nombreuses arrestations.
Et depuis , toutes les villes et les villages tunisiens se manifestent contre la politique réactionnaire de ce régime policier. En organisant des affrontements quotidiens, même le régime utilise toute les methodes répressives contre la population et les militants progressistes des mouvements sociaux (arrestations ; repressions ; propagande contre les revendications de la jeunesse et la population …).
Plusieurs mouvements de luttes, soient dans le monde arabe ou mondial, se solidarisent avec la lutte de ces mouvements et se mobilisent pour la liberation des prisonniers progressistes et dénoncent le régime policier tunisien.
Source : Secours Rouge Arabe

Publié dans Répression

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