SBFM : Pierre Le Méhanès s'interroge sur l'avenir de la fonderie de Caudan avant de débattre avec Sarkozy lundi

Publié le par Carland

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Figure emblématique de la SBFM, devenue Fonderie de Bretagne, le syndicaliste CGT est l'un des dix Français choisi par la Une pour interroger le Président de la République.


Lundi soir, sur TF1, vous serez l'un des dix Français qui interrogeront le Président de la République. Avoir été sollicité, c'est une reconnaissance de votre combat pour l'emploi à la fonderie.

Sans doute. Mais c'est avant tout la possibilité d'exprimer les angoisses des salariés français et ceux de la filière automobile en particulier. Il faut utiliser cette tribune à bon escient pour interpeller le Président Sarkozy et, à travers lui, les responsables politiques.

Qui vous a contacté ?

Un journaliste de TF1, qui avait couvert le conflit, m'a appelé jeudi dernier.

Vous avez tout de suite accepté ?

J'ai d'abord consulté mes camarades du syndicat CGT SBFM et une partie des salariés. Tous ont donné un avis favorable, spontanément. Le fait que l'émission soit diffusée en direct a aussi été déterminant dans notre choix de dire « oui ».

Quelles questions allez-vous poser à Nicolas Sarkozy ?

Je vais l'interroger sur la situation de la filière automobile. L'année 2009 a été marquée par des licenciements et des fermetures d'entreprises. C'est la conséquence des délocalisations au nom de la rentabilité immédiate. À la SBFM, nous sommes directement concernés par la délocalisation de la nouvelle Clio en Turquie, car nous travaillons à 75 % pour Renault. Je dirai aussi que les aides du gouvernement n'ont pas servi à l'emploi, mais aux actionnaires.

Vous disposez d'un temps de parole précis ?

En gros, cinq à six minutes. Le débat sera interactif : j'interroge le Président, il me répond et je peux le relancer selon ce qu'il vient de dire. C'est très important. Le but, c'est aussi d'être concis. Ça permet d'être clair pour le téléspectateur ¯ car à la télé, tout va vite ¯ et de garder un peu de temps de parole pour pouvoir intervenir à un autre moment dans l'émission.

Et si la réponse du Président ne vous convenait pas...

La règle essentielle, c'est qu'il n'y ait pas de langue de bois. Je ne participe pas à l'émission pour faire de la figuration.

Porterez-vous votre veste de travail, siglée SBFM ?

Rien n'est décidé. Pour des raisons techniques, TF1 nous demande de ne pas porter de vêtements à rayures, ni de couleur rouge. Ça, c'est pas de chance.


Recueilli parCharles JOSSE avec Vincent JARNIGON




La SBFM est devenue Fonderie de Bretagne en octobre. Qu'est-ce qui a changé?

Pas grand-chose, si ce n'est la nouvelle direction. Nous attendons toujours les investissements. Rien n'évolue de façon concrète et les conditions de travail se dégradent.

Où en êtes-vous de la production?
On a terminé l'année avec une production de 27.000t. C'étaitune année particulière. Mais les prévisions de 2010 ne vont pas au-delà de 30.000t. En janvier, il est prévu 140t par jour et en mars, la production descend à 111t par jour. On ne comprend pas cette faible activité alors que les ventes de voitures Renault n'ont jamais été aussi bonnes depuis 19 ans. Nous n'avons aucune perspective sur des pièces nouvelles. Renault n'a toujours pas confirmé le rapatriement de pièces fabriquées en Chine. Quant à PSA, on est très loin des engagements donnés lors de la reprise.

Comment évoluent les effectifs de personnel?
Les départs se suivent et ne sont pas remplacés. Nous sommes descendus au-dessous des 500. Aujourd'hui, on est 498. Ces départs représentent aussi une perte de savoir-faire. Ons'en rend compte en permanence. Nous ne pouvons pas répondre à la demande des clients. Quant à la maintenance, la direction tente de rééquilibrer les équipes. Cela ne permettra pas de résoudre les problèmes de technicité et de compétence des équipes. Cette année, 40 départs sont prévus dans le cadre du plan amiante.

Vous dites que les investissements ne se concrétisent pas. À qui appartient l'entreprise?
Renault ne veut pas acquérir le site. Le groupe aimerait bien que les pouvoirs publics mettent la main au portefeuille. Ils l'ont toujours refusé. La fonderie paye un loyer de 24.000 EUR par an au liquidateur et Renault, même s'il s'est engagé sur huit ans, n'a signé un bail que de 23 mois. Pourquoi?

Renault peut-il investir pour remettre en état les ateliers?
Le locataire a la charge de faire ces investissements, mais le groupe fait des choix entre les murs, l'outil et le social. Aujourd'hui, on se chauffe avec des braseros dans certains ateliers. Il a neigé vendredi dans l'entreprise. Quant à l'outil de travail, Renault ne veut pas d'une seconde ligne de production et il ne développe toujours pas l'usinage. Or, pour atteindre l'équilibre, il faudra des moyens supplémentaires.

Sur le plan social, où en êtes-vous?
L'année qui vient de s'achever, est une année blanche. Celle qui commence s'annonce sans aucune perspective pour les carrières. Cela contribue d'ailleurs aux départs volontaires. Aujourd'hui se réunit un comité d'entreprise extraordinaire. On y discutera d'un contrat social de crise. On devrait le signer car il est plus favorable que l'accord interne actuel. Il s'agit d'un système de solidarité dans la perspective de journées de chômage partiel. Avec ce contrat, les salariés toucheront 80% du salaire brut, toutes catégories confondues. Cela correspond à quatre jours de RTT que le salarié donne pour 40 jours de chômage indemnisés à 100%. Pour l'année 2010, les prévisions sont de 28 à 30 jours de chômage partiel. Mais comment accepter que l'on puisse être mis au chômage partiel alors qu'on ne peut même pas répondre en temps voulu aux demandes des clients?

Propos recueillis par Yves Guégan le 12 janvier 2010

Source : cgtsbfmrebelle.skyrock.com/

Publié dans SBFM

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