La fédération ADMR du Finistère au pied du mur

Publié le par Carland

Sortie de la procédure de sauvegarde, elle doit désormais faire face à ses créances. A défaut, c'est la cessation de paiements. En décembre, ses dettes s'élevaient à 3,7 millions d'euros.

Enquête

La fédération d'Aide à domicile en milieu rural (ADMR) du Finistère avait jusqu'au 20-22 janvier pour rembourser ses dettes. Mise en place en 2009, la procédure de sauvegarde, une fois levée, rendait exigible leur remboursement pour éviter la cessation de paiements. Il fallait donc trouver des solutions.

Du lundi 10 au vendredi 14 janvier, des responsables fédéraux ont fait le tour des 87 associations locales ADMR du Finistère. Et ce, pour s'entretenir avec les dirigeants. « Notre directeur leur a expliqué la situation actuelle », résume Yves Derrien, le président fédéral. La fédération a des dettes envers une quarantaine d'associations. « Plus de la moitié accepte un échéancier de remboursement, indiquait, jeudi, Yves Derrien. D'autres non. »

Conseil d'administration aujourd'hui

« Ce n'est qu'une manière de repousser l'échéance, estime une personne proche du dossier et souhaitant garder l'anonymat. Les associations qui sont bien gérées ne sont pas pressées d'aider la fédération à poursuivre sa mauvaise gestion. »

Hier, un nouveau point sur le passif de la fédération devait être fait avant un conseil d'administration, ce vendredi, à Châteaulin. « A la sortie de la procédure de sauvegarde [en décembre], la fédération avait une dette de 3,7 millions d'euros. » Si la fédération ne peut y faire face, « elle se retrouve en cessation de paiements », s'inquiète Yves Derrien.

Une situation que certains espèrent. « Il n'y a plus un sou dans les caisses, je ne vois pas comment on pourrait échapper au dépôt de bilan. Et ce ne sont pas quelques milliers d'euros qui vont sauver la mise. Nommer un administrateur judiciaire musclé qui prendra les bonnes décisions s'impose le plus vite possible. » 

Certaines associations locales débitrices de la fédération (elles seraient 50 environ) pourraient être en difficulté.

Dans tous les cas, en plusieurs secteurs géographiques, comme à la pointe de Cornouaille, touchée par le vieillissement de sa population et la faible activité économique, on est attentif à l'avenir de l'ADMR : « Nous sommes en attente des décisions. Nous sommes prêts à nous impliquer au regard de l'enjeu social et économique pour notre territoire », déclare Bernard Le Gall, président de la communauté de communes du Cap-Sizun.

Un plan social en stand-by

Dans les couloirs circulent depuis quelque temps les noms des « mauvais élèves » : Quimper devrait plus de 400 000 € à la fédération, Concarneau 200 000 €, Guipavas 300 000 €... « Il est temps de réfléchir à une réorganisation du réseau, propose une adhérente. Les associations sont trop nombreuses, trop dispersées et chacun doit apporter la preuve d'une bonne gestion. »

D'autant que la fédération regrette de ne pas avoir pu mettre en oeuvre son plan social. « Nous perdons 130 000 euros chaque mois. On avait prévu 1,5 million d'euros d'économie par an. » Elle table beaucoup sur un nouveau tarif horaire établi en accord avec le conseil général, financeur. « Pour tenir le budget 2011, on lui a fait une proposition à 22,06€ pour le tarif horaire moyen », indique Yves Derrien.

D'autres n'y croient pas. « Je vois mal comment la collectivité pourrait accepter ce tarif alors que les comptes de 2009 n'ont même pas été approuvés et qu'ils ne sont pas certifiés par le commissaire aux comptes.

Sabine NICLOT-BARONet Sophie MARÉCHAL.

Publié dans ADMR 29

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