Elle s'appelle Aurore Martin, et risque 12 ans de prison en Espagne

Publié le par Carland

Sur Rue89

La Cour d'appel de Pau vient de demander le transfert en Espagne d'Aurore Martin, une militante basque française réclamée par Madrid pour « participation à une organisation terroriste ». La militante basque, visée par un mandat d'arrêt européen, se pourvoit en cassation. La procédure n'est donc pas finie. Une Riveraine réagit à cette décision de justice sans précédent.

Je ne suis pas Basque, je ne parle pas basque. Je m'appelle Cécile D., j'ai un nom qui sonne bien français, bien terroir, et passerais sans aucun problème dans un reportage de Jean-Pierre Pernaut.

Mes opinions politiques sont des plus simples et des plus communes : je vote là où le personnage me semble humain, juste et droit, où ses valeurs ressemblent à celles que l'on m'a données.

Comme tous, mon corps entier se révolte contre une injustice, pour des malheureux, pour des victimes de catatrophes, de guerres sans fin, devant de hauts faits médiatiques m'aidant à être retournée, puis je zappe, tourne la page et clique ailleurs. Je ne suis engagée dans aucune association en quelque qualité que ce soit, mes révoltes sont uniquement intérieures et ressortent une fois de temps en temps, pendant un maximum de 4 minutes, un verre de Médoc à la main, avec quelques amis, si jamais la conversation s'y prête… ce qui est exceptionnel.

Elle s'appelle Aurore Martin, un nom d'une banalité exemplaire qui pourrait être utilisé pour les centres d'appels tant il sonne « bien français ». Elle a mon âge. Elle est plus assidue et révoltée que je ne le suis, a des convictions politiques et de les dire et les écrire en France, et en Espagne parfois, sur la région basque.

On m'a parlé d'elle hier soir, et j'ai recherché quelques rares articles sur son actualité.

Je ne suis pas Basque, je ne parle pas basque, mais pour la première fois, ce ne sont pas les grands titres médiatiques et ce qu'ils rapportent qui m'horrifient. C'est le silence général.

Ca se passe en ce moment, à Pau. Un mandat d'arrêt international vient d'être accepté par la France contre Aurore Martin pour avoir parlé, écrit et dit haut et fort ce qu'elle pensait dans le pays historique des Droits de l'homme sous le nom d'un parti interdit en Espagne.

Elle a 31 ans, et en risque 12 en prison en Espagne pour avoir eu des opinions politiques.

Dans cette histoire, il n'y a ni bombes, ni Farcs, ni pétrole, ni people, et pas ni la moindre ramification d'Al Quaeda.

Nous avons été fidélisés sur la recherche et l'aide à apporter à un malheureux spéléologue français disparu, avons suivi pendant des années les moyens mis en oeuvre pour libérer une femme politique colombo-française et fait de sa libération l'événement national qui rendait un pays entier heureux, nous avons une pensée chaque jour grâce aux médias pour les otages français, ou ceux d'entre nous qui sont emprisonnés pour trafic de drogue ou autre dans des pays étrangers.

Aujourd'hui, pour des raisons qui me sont incompréhensibles, c'est notre pays qui vend, voire qui donne, l'un des siens à un pays voisin. La France, l'Espagne, une jeune femme portant le nom d'Aurore Martin… Les acteurs de ce drame sont sûrement insoupçonnables et moins « bankable » que s'ils s'appelaient Irak, Soudan, Colombie et Corée.

C'est à vous que je m'adresse aujourd'hui, car je sais votre sérieux, votre implication dans tous vos articles, et votre soif d'humanité aussi forte que la mienne. Je vous demande de ne pas laisser cette affaire sous silence, et de
m'apporter les raisons qui font que mon pays donne l'un des siens à un voisin qui pratique la torture en prison.

Modification le 28/11/10  : retrait du nom de l'auteur à sa demande.

Source : http://www.rue89.com/node/177718

Publié dans Répression

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